Une petite histoire des sciences by William Bynum

Auteur:William Bynum [Bynum, William]
La langue: fra
Format: epub
Tags: det_, Science, histoire
Éditeur: De Boeck Superieur
Publié: 2020-03-15T23:00:00+00:00

Alfred Wegener est le géophysicien et météorologue allemand qui publia en 1915 un livre, La genèse des continents et des océans, où il exposa sa théorie de la dérive des continents. Le mécanisme de cette dérive ne sera élucidé que 50 ans plus tard, grâce à la découverte de la tectonique des plaques.

Chapitre 33

La dérive

des continents

Les séismes sont meurtriers et terrifiants. Meurtriers en raison de la destruction massive qu’ils provoquent et terrifiants parce que la Terre n’est pas censée trembler sous nos pieds. Et pourtant, de tels tremblements se produisent continuellement, même si on ne voit ni ne ressent habituellement rien. Comme dans tant d’autres disciplines scientifiques, la compréhension de la structure terrestre revient à en mesurer la partie invisible et qui ne se manifeste pas, puis à essayer de persuader les autres que votre théorie est la bonne. Les continents et les planchers océaniques se déplacent bel et bien sous nos pieds.

Ce que nous percevons de l’histoire de la Terre au cours de notre existence n’est qu’un instantané très bref, en somme un moment fort court faisant partie d’un processus très long. Certes, les géologues disposent de techniques scientifiques, mais ils doivent également faire appel à leur imagination, c’est-à-dire réfléchir « hors des sentiers battus ». Et tous les bons scientifiques doivent, même s’ils travaillent exclusivement dans des laboratoires, confronter leurs idées vis-à-vis des preuves existantes.

Ainsi, les géologues du XIXe siècle mirent à profit les outils traditionnels en vogue à leur époque : les découvertes de fossiles, l’analyse et la classification des roches ainsi que l’examen des effets des séismes et des éruptions volcaniques. Ensuite, ils tentèrent d’incorporer tous ces éléments d’information dans une histoire raisonnable de la Terre. Une bonne part de ce qu’ils apprirent ainsi reste encore valable aujourd’hui. Toutefois, de nombreux problèmes ne cessaient de les hanter, lesquels nécessitaient une nouvelle sorte d’idée audacieuse. Les anciens « catastrophistes » s’appuyaient sur l’idée de l’intervention de plusieurs types de forces, voire même sur des interventions miraculeuses (par exemple de gigantesques inondations comme lors du Déluge de Noé décrit dans la Bible). Par la suite, en revanche, la nouvelle approche se focalisa sur le temps, c’est-à-dire sur d’immenses périodes qui furent appelées des « temps profonds ». À quoi devait ressembler la Terre il y a 200 millions d’années, voire deux ou trois fois plus loin dans le passé ?

Comment cette notion de temps profond pourrait-elle aider à répondre à trois questions essentielles ? Tout d’abord, comment se fait-il que les principaux continents ont un aspect tel qu’on dirait qu’on pourrait les détacher de leurs océans et les rassembler, exactement comme les pièces d’un énorme puzzle ? La côte est de l’Amérique du Sud s’emboîterait assez bien dans la côte ouest de l’Afrique. Est-ce un pur hasard ?

Ensuite, pourquoi les formations rocheuses en Afrique du Sud ressemblent-elles à celles qu’on retrouve au Brésil, qui se trouve de l’autre côté de l’océan Atlantique ? Pourquoi, dans une île aussi petite que la Grande-Bretagne, peut-on observer des variations si spectaculaires

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